COMMENT OPTIMISER LA FERTILITÉ

Arrêter le tabac et autres toxiques

 L'INFLUENCE DU TABAC CHEZ LA FEMME

A) Tabac et fertilité naturelle

Celles qui disent “j’attendrai d’être enceinte pour arrêter de fumer” font certainement un très mauvais calcul avec une double erreur. La première est que seule une femme enceinte sur deux arrive à arrêter pour de bon en cours de grossesse. La deuxième est que le tabac diminue la fertilité de manière importante. Plus de 4 000 composants ont été isolés à partir de la fumée de cigarette. Parmi eux, plus de 40 sont des agents carcinogènes et mutagènes (c’est-à-dire entraînant des mutations de l’ADN) altérant la qualité des cellules reproductrices aussi bien de l’ovocyte que du spermatozoïde.

Ainsi des études ont montré que les femmes qui fument mettent 2 fois plus de temps que les autres à mettre une grossesse en route. Le délai nécessaire à concevoir est augmenté de 6 mois à 1 an en moyenne. La diminution de la fécondité dépend du degré du tabagisme : nombre de cigarettes fumées et âge de l’initiation. Le tabagisme passif (au travail, à la maison) a également une incidence sur la fécondité pouvant être équivalente à une consommation de 10 cigarettes par jour.

La bonne nouvelle est que les effets négatifs du tabac sont en grande partie réversible.


L'effet du tabac se répercute à différents niveaux :

♦ sur la trompe : le tabac a une action directe sur la fonction de la trompe : il diminue les battements ciliaires et altère la contractilité de la paroi. Statistiquement, il existe une augmentation claire et nette des risques de stérilité tubaire chez les fumeuses. Le risque de GEU (Grossesse extra utérine) est multiplié par 2 pour 10 cigarettes par jour, par 3 pour 20 cigarettes par jour et par 5 pour plus de 30 cigarettes par jour. Environ 35% des GEU seraient attribuables au tabac.

L’effet est réversible (ce risque redevient celui de la population générale si la consommation de tabac est arrêtée 1 mois avant la conception) mais si vous faites une GEU liée au tabac, votre trompe sera porteuse d’une cicatrice qui elle ne sera plus réversible et augmentera le risque de récidive .

Le tabac diminue par ailleurs l’immunité et les fumeuses sont plus sensibles aux infections génitales, dont les infections aux chlamydia, autre source de stérilité tubaire.

♦ sur le col de l'utérus : la nicotine a une action antioestrogénique (elle baisse le taux d’estradiol) avec en particulier comme conséquence une altération de la glaire cervicale


♦ sur l'endomètre : le tabagisme abaisse le flux sanguin au niveau de l’utérus avec comme effet direct une diminution des chances d’implantation.

♦ sur l'ovaire : la 1ère période où les ovocytes sont sensibles au tabac est la vie intra-utérine. Ainsi la fécondité d’une femme dont la mère a fumé alors qu’elle était enceinte est inférieure à celle d’une femme non exposée.

La 2ème période est, après la puberté, la phase pré ovulatoire. Le tabagisme a un double impact sur la fonction ovarienne : il diminue la qualité et la quantité des ovocytes. Ainsi le tabagisme est significativement associé à un avancement de l’âge de la ménopause (2 ans en moyenne) et à l’incidence des insuffisances ovariennes précoces. Ce phénomène est d’autant plus important que le nombre de cigarettes fumées et la durée du tabagisme sont importants. L’arrêt de la consommation de tabac pourrait diminuer le risque de ménopause précoce. Ainsi, alors qu’il est multiplié par 2 pour les fumeuses actuelles, il n’est plus multiplié que par 1,3 chez les ex fumeuses. Les ex fumeuses atteignent leur ménopause plus tard que les fumeuses, mais plus tôt que les femmes n’ayant jamais fumé.

Les hydrocarbures contenus dans la fumée de cigarette accélèrent, par l’intermédiaire de la stimulation d’un gène particulier, la perte d’ovocytes et donc contribuent à l’accélération de la diminution du stock.

L’impact sur la qualité des ovocytes est lié à une augmentation du nombre d’ovocytes porteurs d’anomalies chromosomiques (nombre anormal de chromosomes) et d’ovocytes porteurs d’une altération de leur ADN, conséquence de l’effet des substances mutagènes.

Cela explique que la fréquence des fausses couches soit multipliée par 1,5 à 3, et ce d’autant plus que la quantité de cigarettes fumées est importante (c’est ce que l’on appelle un effet dose dépendant). les fausses couches sont également liées à l’action du tabac sur la vascularisation utérine et à une action directe de la nicotine sur l’embryon.



B) Tabac et traitement pour la fertilité

Les études menées dans le cadre de la FIV (Fécondation in vitro) ont permis de confirmer l’existence d’une toxicité ovarienne. En effet, le taux de base de FSH plasmatique est augmenté, de même les doses de produit nécessaires pour la stimulation sont majorées alors que le nombre d’ovocytes obtenus lors du recueil est plus faible.

Une fois l’ovocyte obtenu, la probabilité de fécondation, de nidation et de grossesse est également plus faible.

Au cours des FIV, la diminution du fonctionnement de l’ovaire et l’altération de la qualité de l’utérus entraînent une réduction du taux d’implantation de 50%.

La bonne nouvelle est que cette même étude a montré des taux de grossesse quasi identiques à ceux des non fumeuses chez celles qui ont arrêté leur consommation avant leur traitement.



L'INFLUENCE DU TABAC CHEZ L'HOMME
 
Le tabagisme masculin joue également un grand rôle dans la fertilité du couple, directement ou indirectement.


A) Tabac et fertilité naturelle

De nombreuses substances présentes dans la fumée de cigarette ont été retrouvées dans le liquide séminal, à des taux proportionnels aux taux sanguins et au nombre de cigarettes fumées. Ce phénomène a également été montré en cas de tabagisme passif. Comme les ovocytes, les spermatozoïdes sont sensibles au tabac pendant la vie intra-utérine et la fertilité d’un homme dont la mère a fumé alors qu’elle était enceinte est inférieure à celle d’un homme non exposé.


B) Le tabagisme de l'homme est à l'origine de plusieurs problèmes

◊ d’une dysfonction érectile : les problèmes d'érection sont réversibles à l’arrêt du tabac.

◊ d’une altération des paramètres du sperme avec :

une diminution du nombre de spermatozoïdes : cette diminution ne serait pas dose dépendante mais plutôt liée à l’ancienneté du tabagisme (par atrophie testiculaire)

 une diminution de la vitalité des spermatozoïdes : le tabac crée un environnement toxique pour les spermatozoïdes, ainsi des spermatozoïdes de fumeurs placés dans un plasma séminal de non fumeurs retrouvent une vitalité similaire à celle des non fumeurs.

 une diminution de la vitalité des spermatozoïdes : le tabac a un impact sur la structure du flagelle, ce qui entraîne une diminuaiton de la mobilité voire une immobilité totale des spermatozoïdes

 une altération de la morphologie des spermatozoïdes : il existe une relation dose dépendante entre le nombre de cigarettes fumées et le pourcentage de tératospermie, avec une augmentation prédominante des anomalies de la tête (microcéphalie) lesquelles sont associées à une augmentation du risque d'hypofertilité.


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d’une altération du matériel nucléaire du spermatozoïde : même si le spermogramme est normal, il peut exister des anomalies qualitatives des spermatozoïdes. 

Augmentation de la fragmentation de l’ADN spermatiques : le tabac est responsable d’une réaction inflammatoire au sein des voies génitales, responsable d’une augmentation de la leucospermie (taux de globules blancs dans le sperme).

La leucospermie est responsable d’une augmentation de la concentration des radicaux libres. De plus, parmi les 4 000 composants de la fumée de cigarette, plusieurs sont eux mêmes des radicaux libres. Les spermatozoïdes matures possèdent très peu de mécanismes de défense capables de neutraliser et d’éliminer les radicaux libres.

Au total, l’excès de radicaux libres généré par le tabac est source d’un stress oxydatif qui entraîne une augmentation de la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes (cassures des brins de chromosomes), ce qui compromet les chances de grossesse à partir d’un certain taux.

Augmentation des anomalies chromosomiques : le tabagisme augmente également la proportion de spermatozoïdes porteurs de certaines disomies (nombre anormal de chromosomes), d'où une augmentation du taux de fausse couche. 


La bonne nouvelle est que les effets négatifs du tabac sont en grande partie réversible.


C) Tabac et traitement pour la fertilité

Les études menées sur les embryons ont montré, chez les hommes fumeurs, une augmentation de la proportion d’embryons fragmentés et d’embryons anormaux. Ceci est responsable d’une mauvaise implantation, de fausses couches et semble même avoir des conséquences après la naissance. En effet, plusieurs équipes ont noté une relation entre le tabagisme paternel et l’apparition de certains cancers chez leurs enfants. 

Le tabac chez l’homme serait ainsi responsable de la diminution du taux de succès au cours des FIV ; cette altération serait proportionnelle à la quantité de tabac consommé et réversible à l’arrêt du tabac (environ 2 mois et demi).

Le tabagisme agit également de façon indirecte : il peut induire un tabagisme passif chez la compagne, et l’on sait que les fumeurs sont aussi plus consommateurs d’alcool, de café ou encore soumis au stress, ce qui également entraîne une altération des paramètres du sperme. De même les fumeurs sont aussi plus sensibles aux effets néfastes de la pollution.

Attention, même une faible consommation tabagique (4-5 cigarettes/jour) n’est pas sans conséquence !!!


Cigarettes

 

PAS D'ALCOOL

Vous consommez parfois un petit verre d’alcool, toujours avec modération ... Si vous décidez d’avoir un enfant, il va falloir changer cette habitude. Contrairement à ce que l’on croit, et comme pour le tabac, il ne suffit pas de s’arrêter pendant les neuf mois de la grossesse. Pour booster leur fertilité, papa et maman sont priés de rester sobres avant la fécondation.


A) L'alcool réduit la fécondité

Une étude danoise a montré que la consommation hebdomadaire de 10 verres d’alcool pendant la période où le couple désire concevoir un enfant augmente significativement le risque de fausse-couche. Un peu plus d’un verre par jour bu par la femme peut ainsi multiplier par 2 ou 3 ce risque. Si en revanche les 10 verres sont bus par le futur papa, ce même risque sera de 2 à 5 fois plus important chez leur femme que chez celles dont le conjoint ne trinque pas.

Chez la femme : la consommation d’alcool peut perturber les cycles menstruels et entraîner des troubles voire une absence d’ovulation.

Chez l’homme : l’alcool entraîne une diminution de la sécrétion de testostérone (hormone masculine) et une augmentation de celle d’œstrogènes. Les conséquences en sont une baisse de la libido et une altération du sperme : la consommation d’alcool réduit la quantité de spermatozoïdes, altère leur mobilité et augmente la proportion de spermatozoïdes anormaux.

Il est donc conseillé aux messieurs de limiter les sorties bien arrosées et de bannir au maximum les excès au cours des 3 mois précédant la procréation, c’est-à-dire un cycle de maturation d’un nouveau stock de spermatozoïdes. Plusieurs études ont démontré que la qualité d’un sperme très dégradé revient à un niveau normal dans la majorité des cas après cette période d’abstinence.



B) L'alcool réduit le succès des traitements

Dans le cadre d’une procréation médicalement assistée, l’alcool est là aussi nocif, même en consommation modérée. L’alcool absorbé par les femmes interagit avec les traitements médicamenteux en diminuant leur activité ; le nombre d’ovocytes obtenu sera par conséquent plus faible que si la patiente ne consommait pas d’alcool.

Il vous faudra donc attendre l’arrivée de bébé pour fêter cet heureux événement au champagne !!!!



LES EFFETS DU CANNABIS

Cannabis

 

L’impact négatif du cannabis (marijuana, ganja, beuh, etc) sur la fertilité masculine est maintenant clairement démontré. Les résultats des études indiquent que les hommes fumant de façon régulière du cannabis ont une réduction du volume du sperme et du nombre de spermatozoïdes produits. Un autre effet observé est l’accélération temporaire de la vitesse des spermatozoïdes avant qu’ils ne s’immobilisent totalement et prématurément (ils brûlent toute leur énergie dès le départ).

 

 

L’effet délétère du cannabis se fait probablement par l’intermédiaire d’un composé appelé le tétra-hydrocannabinole (THC) qui agit sur les récepteurs présents à la surface des spermatozoïdes. Il a aussi été montré que le THC pouvait empêcher les spermatozoïdes de se fixer sur l’ovocyte, et était responsable d’une baisse du taux de testostérone.

Il est probable que le cannabis puisse aussi affecter la fertilité des femmes ; peut-être en modifiant la concentration du THC au niveau de leurs voies génitales. Il diminue la réponse aux traitements de stimulation de l’ovulation ; ainsi en FIV, il est responsable d’une diminution du nombre d’ovocytes ponctionnés.

La teneur en THC varie en fonction de l’espèce, de la maturation de la plante et de la méthode de culture. Il existe depuis longtemps du haschisch (shit) coupé avec différents produits comme le henné ou le cirage.

Mais depuis quelques années le cannabis sous forme d’herbe est également touché. Un grand nombre de consommateurs de cannabis se fournit au marché noir en achetant du cannabis à des dealers. Depuis 2005, certains dealers ont rajouté des produits dans leurs herbes pour l’alourdir et ainsi gagner plus d’argent au détriment de la santé des acheteurs.

Ces produits sont les suivants : farine, poudre de verre, verre pilé, billes de verre, verre, sable, micro billes, maïzena, médicaments, etc...

Il est difficile pour un fumeur (novice ou non) de détecter la présence de ces produits, par exemple la poudre de verre est incolore et inodore (fin cristaux). Cette poussière de verre peut endommager gravement vos poumons.