COMMENT OPTIMISER LA FERTILITÉ

Se méfier des produits toxiques

Nous sommes, sans le savoir, en permanence en contact avec de nombreux produits dont certains peuvent avoir un effet négatif sur la fertilité : ils sont dits reprotoxiques.

L’effet peut se manifester tant chez la femme que chez l’homme, mais il semble plus marqué chez l’homme.

Ainsi en un peu moins de 50 ans, tandis que la production mondiale de produits chimiques a augmenté de 85%, la quantité de spermatozoïdes au ml a diminué de 50% et l’incidence du cancer du testicule a augmenté de 50%.

L’exposition peut se faire en respirant (par exemple l’air contenant des solvants), en mangeant (par exemple la nourriture contenant des pesticides), en buvant (par exemple l’eau provenant de tuyaux de plomb) ou en touchant par exemple des surfaces nettoyées avec des produits toxiques.



LES REPROTOXIQUES PEUVENT ÊTRE RESPONSABLES :

• de difficultés à concevoir
• d’une augmentation du risque de fausse couche ou de mort fœtale pendant la grossesse
• d’anomalies congénitales
• d’effets sur les enfants à long terme.

Un produit reprotoxique peut avoir un effet transitoire à court terme ou un effet permanent à long terme.
 


COMMENT AGISSENT LES PRODUITS REPROTOXIQUES ?

∗ Certains produits peuvent avoir un effet néfaste sur la libido ou le comportement sexuel.

∗ Certains produits présents dans le liquide séminal peuvent perturber la mobilité des spermatozoïdes.

∗ Certains composés chimiques se comportent comme des perturbateurs endocriniens qui peuvent interférer de deux manières : en imitant l’action des hormones du corps et en se fixant à ses récepteurs qui se trouvent à la surface de nos cellules, ou alors, en perturbant le transport, la dégradation et l’élimination des hormones de notre organisme.

∗ En imitant les œstrogènes (action œstrogène like), ces substances perturbent le développement des organes génitaux masculins et la formation des spermatozoïdes. Certains perturbateurs endocriniens peuvent à l’inverse contrarier l’action des hormones (action anti-androgène ou anti-œstrogène).

∗ Certains de ces produits sont regroupés sous le terme de polluants organiques persistants (POP) ; leur point commun est de persister très longtemps dans l’environnement.

∗ Enfin certains produits peuvent avoir une toxicité directe sur les cellules reproductrices et entraîner des anomalies chromosomiques ou des altérations de l’ADN.



 
COMMENT EST-ON INFORMÉ QU'UN PRODUIT EST REPROTOXIQUE ?

Une substance classée par l’Union Européenne comme dangereuse pour la reproduction doit être étiquetée avec un symbole de danger et une phrase de risque spécifique;


Ces substances sont classées en 3 catégories :

Catégorie 1 (Repr. cat. 1) : substances connues pour altérer la fertilité ou provoquer des effets toxiques sur le développement dans l’espèce humaine.

Catégorie 2 (Repr. cat. 2) : substances devant être assimilées à des substances altérant la fertilité ou à des substances causant des effets toxiques sur le développement dans l’espèce humaine.

Catégorie 3 (Repr. cat. 3) : substances préoccupantes pour la fertilité dans l’espèce humaine et substances préoccupantes pour l’homme en raison d’effets toxiques possibles sur le développement dans l’espèce humaine.



Les dangers sont signalés par des pictogrammes et des phrases de risques sur les produits :


Infertilite toxiques 3

Infertilite toxiques 4


Actuellement 247 substances sont officiellement classées toxiques pour la reproduction dont 21 en catégorie 1 (2 R60 et 19R61), 101 en catégorie 2 (33 R60 et 68 R62) et 125 en catégorie 3 (83 R62 et 42 R63) : on trouve 15 dérivés de plomb pour l'ensemble des catégories.

Ce nombre de 247 doit être relativisé par le fait que de très nombreuses substances n’ont jamais été testées vis-à-vis de la reproduction (95% des substances nouvelles, actuellement mises sur le marché, ne disposent d'aucunes données expérimentales concernant la toxicité sur la reproduction).

Un nouveau système de classification et d’étiquetage des produits a été élaboré au niveau international et il est destiné à devenir le système unique de classification et d’étiquetage à l’échelle mondiale. Une grande partie des recommandations («modules») du SGH seront reprises dans le règlement européen “SGH” (appelé règlement CLP) et mises en œuvre probablement en 2008 pour devenir obligatoires pour les substances en 2010, et pour les mélanges, mi 2015.

Pour la classe de danger «Toxicité pour la reproduction», le SGH prévoit :


Infertilite toxiques 5

Infertilite toxiques 6




VOICI UNE LISTE DE PRODUITS REPROTOXIQUES AINSI QUE QUELQUES MESURES POUR EN RÉDUIRE L'EXPOSITION

A) Les plastiques

 
Les phtalates : ce sont des perturbateurs endocriniens très actifs. Ils sont utilisés pour assouplir les articles en polychlorure de vinyle (PVC), mais aussi pour renforcer l’effet des adhésifs et la tenue des pigments dans la peinture ou dans d’autre matériaux. On en trouve dans les bottes, les imperméables, les rideaux de douche, le matériel médical, les peintures, les adhésifs, les colles, les encres... On en trouve aussi dans les cosmétiques et énormément dans les emballages et les sacs plastiques.

Depuis 1999, ils sont interdits dans les articles de puériculture et les jouets pour enfants, ainsi que dans les films alimentaires, les sacs de congélation et, d'une manière générale, dans les emballages rigides ou souples utilisés dans l'alimentation. La loi n'est malheureusement pas toujours respectée comme le prouvent les tests. A noter cependant que tous les phtalates n'ont pas la même toxicité, le plus dangereux étant le DEHP (catégorie 2).. 


Le Bisphénol A : il est utilisé dans les plastiques et les résines. On le trouve notamment dans les revêtements intérieurs des boites de conserve, les CD et DVD et même certaines résines utilisées par les dentistes. Le Bisphénol est actuellement interdit, mais seulement dans la fabrication des biberons !


Le 4-n-nonylphénol : il intervient dans la fabrication de nombreux plastiques (agent “antivieillissement”) et dans les détergents. On peut le retrouver également dans des pesticides (comme surfactant).


Les PCB (biphenyls polychlorés) : utilisés comme isolants inifuges pour le bois et le plastique, comme additifs pour peintures, mais aussi dans les encres et les alkylphénols que l’on trouve dans les détergents. Ils étaient utilisés jusqu’à la fin des années 1970 dans la fabrication de métériels électriques comme les transformateurs, les échangeurs de chaleur, les systèmes hydrauliques. Ils sont actuellement interdits mais n’ont pas disparu de la planète !


Que faire ? : réduisez vos achats de matériaux de construction ou d'ameublement, de meubles et de jouets à base de vinyle.

Minimisez les contacts entre aliments et plastiques. Conservez si possible la nourriture dans des contenants de verre ou de métal. Utilisez moins de films d’emballage en plastique.

Ne chauffez pas les aliments dans des récipients ni des emballages en plastique, en particulier au micro-ondes. Même si le mode d’emploi indique que c’est fait pour, mettez les aliments dans une assiette, en attendant que les fabricants démontrent l’innocuité de leurs barquettes



B) Les cosmétiques

 
Les phtalates : de nombreux cosmétiques en contiennent (déodorants, shampoings, vernis à ongles, parfums et autres crèmes pour le corps)

Les parabènes : ce sont des conservateurs de synthèse parmi les plus utilisés. Ils sont identifiables sur les étiquettes sous les noms de méthylparaben, ethylparaben, propylparaben, isobutylparaben, butylparaben et benzylparaben. Certains esters de cet acide sont des perturbateurs endocriniens.

Le phenoxyethanol : c’est également un conservateur ; il s’agit d’un ether de glycol donc d’un solvant. 

L'EDTA et les sels de sodium 


Que faire ? : lire les étiquettes et apprendre à sélectionner les produits en faonction de leur composition. Un bon moyen de choisir, c'est de viser la composition la plus courte !

Vous pouvez également vous aider des labels suivants :
 

infertilite label infertilite label 2 infertilite label 3 logo bio Infertilite label 5

 

Quelle crème solaire choisir ? : certains produits solaires contiennent des filtres UV qui sont des perturbateurs endocriniens très actifs.

Celui qu'il faut apprendre à repérer, car le plus toxique, c'est le 4 methylbenzyliden camphre(4-MBC). Évitez également si possible les produits suivants : le benzophenon-3, le benzophenon-4, les homosalates (HMS), le 3-benzyliden camphor (3-BC), l'octyl dimethyl PABA, l'octyl methocinnamate (OMC).

Le mieux pour appliquer le principe de précaution, c'est d'opter pour les crèmes solaires qui ne contiennent aucun filtre chimique. Il en existe peu pour l'instant, car certains laissent parfois un petit film blanc sur la peau que les consommateurs n'aiment pas. C'est pourtant un petit inconvénient pour un gros avantage : les crèmes de ce groupe protègent du soleil au moyen de filtres organiques inertes ; il s'agit d'oxyde de zinc et d'oxyde de titane.

A noter que les filtres UV chimiques ont été interdits dans les rouges à lèvres mais on en trouve encore ; le mieux est de lire attentivement la composition.



C) Les pesticides

 

On connait de longue date les effets délétères des pesticides. Nombre d’entre-eux sont aujourd’hui étiquetés comme perturbateurs endocriniens. Certains sont bien sûr interdits, à l’image du DDT. Citons dans les produits à éviter : le chlordécone, le vinchlozoline et l’atrazine.


Que faire ? : bannissez les pesticides de la maison et du jardin. Si votre voisin est un obsédé du gazon anglais, fuyez quand il traite. On répand proportionnellement plus de pesticides dans les golfs, les jardins et potagers privés que sur les cultures ! Limitez les insecticides dans la maison. Attention aux diffuseurs électriques. Ici, pas de risque de malaria, une piqûre de moustique n’est pas grave. En revanche, ces produits ne sont pas testés sur le plan toxicologique. On ne sait rien de leurs effets hormonaux.



D) Les métaux lourds

 

• le  plomb : poterie, céramique, peinture, pesticides, plomberie, soudure...
• le mercure : dentisterie, céramique, piles, pesticides, photographie, soudure...
• le manganèse
• le cadmium : présent dans les batteries de voiture, l'essence, le mazout, la fumée de cigarettes

Que faire ? : si votre maison est un peu ancienne, méfiez vous de la présence de plomb dans les peintures. Ne jamais gratter, ni utilisez de ponceuse électrique pour enlever la peinture au plomb. Il vaut mieux repeindre par-dessus ou recourir à un professionnel.


E) Les solvants, peintures et produits d'entretien

 
Peintures, cires, nettoyant pour vitres, détergents, laques, vernis... Vous ne le savez peut-être pas mais beaucoup d’entre eux contiennent des éthers de glycol. Ces substances chimiques se dissolvent à la fois dans l’eau et dans les graisses et, de ce fait, peuvent facilement traverser la peau. Ces solvants organiques sont également très volatiles et peuvent donc aisément être inhalés.

Tous les éthers de glycol n’ont pas la même toxicité puisque chaque dérivé possède des propriétés particulières. Leur nocivité est fonction du métabolisme : certains sont simplement irritants tandis que d’autres altèrent directement la fonction de reproduction ! Heureusement, ces derniers sont de moins en moins utilisés.

A éviter également, les PBDE (polybromodiphénylethers) plus connus sous le qualificatifs de retardateurs de flammes, utilisés dans l’industrie du meuble, textile ou les composants électriques


Que faire ? : à l’heure actuelle, il est très difficile de savoir si un produit donné contient des éthers de glycol et lesquels, à partir de l’étiquetage.


Les précautions à prendre sont les mêmes pour la plupart des produits chimiques :
  • le port de gants est toujours recommandé pour toute manipulation de produits chimiques
  • concernant l'application de peintures ou de vernis, il est recommandé de bien aérer les locaux
  • et d'une manière générale, éviter dans la mesure du possible de vous exposer aux produits chimiques que cela soit par voie cutanée ou respiratoire, et ce surtout de façon répétée ou prolongée. Évitez en particulier les produits de nettoyage à sec et les dissolvants pour vernis à ongles à base d'acétone.

Vous pouvez également vous aider des pictogrammes de risque figurant sur les emballages.

Une petite astuce assez simple : un lavage à l’eau chaude des nouveaux objets ou tissus peut faire disparaître la plupart des résidus chimiques.


F) L'alimentation

 
Que faire ? : il existe des perturbateurs endocriniens naturels, c’est le cas des phytoœstrogènes. Les principales sources dans l’alimentation sont les produits à base de dérivés de Soja, donc réduisez leur consommation.

Limitez la consommation de poissons gras provenant de régions très contaminées comme la mer baltique et ceux issus d’élevage ainsi que la graisse animale. Dans la chaîne alimentaire, c’est la destination finale des produits chimiques. Avec la viande et le fromage, ce sont les principales sources de contamination humaine par la dioxine.

Evitez chaque fois que possible les conservateurs, en particulier les parabens (E214 à E219 utilisés pour les boissons sucrées, sirops, conserves, conserves).

Soutenir l’agriculture biologique est un bon moyen de préserver l’eau et l’environnement... et votre santé



Que dit la règlementation :

  • des mesures d'interdiction : les préparations contenant 0,5% ou plus de substances classées reprotoxiques de catégorie 1 et 2 sont interdites à la vente au consommateur.

  • des mesures relatives à l'étiquetage : les préparations contenant des substances classées reprotoxiques de catégorie 1 et 2, à des concentration minimale de 0,5% ou de catégorie 3, à une concentration minimale de 5% doivent présenter un étiquetage informant sur les dangers.

  • des mesures pour les travailleurs : il existe une règlementation concernant les agents cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (agents CMR) qui est désormais la plus contraignante d'Europe. Elle impose :

    - l'obligation de substitution d'un agent CMR par un produit non dangereux ou moins dangereux, sauf impossibilité technique
    - l'obligation d'un suivi médical renforcé et l'obligation de la tracabilité des expositions
    - l'interdiction d'exposer des femmes enceintes ou allaitantes (mais elles uniquement) aux agents reprotoxiques.


Pour de plus amples renseignements n’hésitez pas à contacter votre médecin du travail et à consulter le site du ministère du travail.   


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