LES TROUBLES DU LANGAGE ECRIT

La dyslexie et la dysorthographie

Il s'agit d'une altération spécifique et significative de la lecture (dyslexie) et/ou de la production d'écrit et de l'orthographe (dysorthographie). Ces troubles apparaissent dès les premiers moments de l'apprentissage.


LA DYSLEXIE

 
Le diagnostic de dyslexie est habituellement posé selon les éléments suivants :

  • Trouble massif et persistant dans l’apprentissage de la lecture
  • Le retard de lecture doit être d’au moins deux ans
  • L’intelligence doit être normale
  • Absence de handicap physique, de déficience sensorielle, de lésion cérébrale
  • Scolarité assidue
  • Absence de troubles du comportement ou de la personnalité
  • La note obtenue à une épreuve standardisée se situe au moins à 2 écart-type en dessous du niveau escompté


Les signes observés sont:

  • Des erreurs visuelles: confusions de lettres de formes voisines (m/n, d/b, ou/on...), inversions de lettres dans une syllabe (par/pra...), des inversions de syllabes dans un mot (chocolat/colochat).
  • Des erreurs auditives: entre le p/b, d/t, g/k, ch/j)
  • Des substitutions de mots graphiquement ou sémantiquement proches (feuille/feuillage, cabane/maison)
  • Des élisions de lettres, de syllabes ou de mots.
  • Une altération de la compréhension
  • Une lecture lente et saccadée



Pour illustrer les difficultés de compréhension auxquelles les enfants dyslexiques peuvent être confrontées, voici un exemple :

Il était une fois un atron qui vivait tout stule. Comme la plupart des atrons, il avait des donits pointues et un grand troche. Il était toujours de mauvaise lanien et avait toujours manin….

Si l’on se demande de quoi parle ce texte, on se rend compte que l’on est bien incapable de le dire. Il s’agit d’un exemple de la façon dont un enfant dyslexique aurait pu lire le texte suivant:

Il était une fois un dragon qui vivait tout seul. Comme la plupart des dragons, il avait des dents pointues et une grande bouche. Il était toujours de mauvaise humeur et avait toujours faim…

On se rend compte que le fait d’avoir lu certains mots de manière incorrecte empêche d’accéder au sens du texte.

 

Troubles associés possibles:

  • Retard de langage et de parole
  • Troubles du regard (balayage, fixation, convergence, saccade, …)
  • Troubles de discrimination phonémique (ta/da…)
  • Problèmes temporo-spatiaux (ordre séquentiel, se diriger sur un plan)
  • Difficultés de latéralisation.
  • Agitation, inattention, renoncement, indifférence…



LA DYSORTHOGRAPHIE

 

Définition: il s’agit d’un trouble développemental dans l’utilisation des processus liés à la production de l’écrit. La dysorthographie est presque systématiquement associée aux troubles spécifiques de la lecture même si elle peut exister indépendamment de la dyslexie.

Les erreurs les plus fréquentes concernent :

  • L'aspect phonétique : confusions visuelles de formes proches (p/q u/n..) , confusions auditives (p/b f/v k/g...) , non intégration des sons complexes ( oin gn euil...), inversions ou déplacements des phonèmes au sein des syllabes, ajouts de phonèmes, omissions de phonèmes'aspect grammatical, non application des règles grammaticales (accord sujet/verbe, marques du genre et du nombre, l'accord des adjectifs, du participe passé, l'emploi de l'infinitif). Confusions des homophones grammaticaux (son/sont, et/est…)
  • L'aspect orthographe d'usage, orthographe usuelle ignorée, erreurs sur les graphies différentes pour le même son (eau/au/o/ot…), les doubles consonnes.
  • Les règles contextuelles, s/ss, gu/g/ge, c/ç, les finales muettes.
  • Des erreurs de découpage (lavion pour l'avion)


QUELLES SONT LES CAUSES DE CES TROUBLES DES APPRENTISSAGES?


Actuellement, les explications convergent vers un dysfonctionnement cérébral au niveau des circuits du langage. De plus, le caractère génétique montre qu’il faut être vigilant : dans plus de 50% des cas, il existe dans la famille proche de la personne dyslexique/dysorthographique un ou plusieurs autres cas de difficultés de lecture/orthographe. Dans de bonnes conditions de traitement, d’environnement et de soutien, les troubles dyslexiques et dysorthographiques se réduisent, souvent très nettement, mais ne « disparaissent » vraiment complètement que s’ils étaient d’intensité légère.
 
L'intelligence du dyslexique/dysorthographique n'est pas moindre ; elle est différemment organisée. La plupart des dyslexies / dysorthographies apparaissent dès le CP, moment du contact initial de l'enfant avec la lecture. Mais certaines autres peuvent passer longtemps inaperçues. Certaines classes ultérieures peuvent dévoiler une dyslexie/dysorthographie jusqu'alors compensée par des efforts et des stratégies personnelles, ou réactiver les difficultés d'une dyslexie/dysorthographie qui paraissait surmontée. Cela signifie que l'enfant bute sur un nouveau palier de complexification du langage écrit (et de son contenu) désormais supérieur à ce qu'il a pu jusqu'ici assumer ou compenser...


QUEL PRONOSTIC?

L'évolution des troubles du langage écrit va dépendre de plusieurs facteurs, qui peuvent varier suivant les enfants concernés en rapport avec :

  • le type de dyslexie / dysorthographie : certains sont plus ou moins faciles à traiter
  • l'intensité des troubles : les troubles sévères sont évidemment plus résistants aux rééducations
  • la précocité du dépistage
  • l'existence, la régularité, et l'intensité des rééducations (souvent pluridisciplinaires dans les cas sévères), qui peuvent durer plusieurs années
  • les soutiens rencontrés venant alimenter la motivation, la réparation des vécus d'échec, la réhabilitation de l'écrit et de l'école vécue très souvent jusque-là comme lieu de sanction de l'infériorité
  • la vigilance, la coopération et la coordination entre famille, école et rééducateurs



LES AMENAGEMENTS SCOLAIRES POSSIBLES


Les aménagements de la scolarisation dépendent du profil de difficultés que présente chaque élève.

Les préconisations peuvent être :

  • Laisser plus de temps pour la lecture, les productions écrites
  • Aider l’élève à gérer son temps
  • La diminution du nombre de questions
  • Eviter de faire lire les élèves à haute voix
  • L’enseignant peut lire les consignes à haute voix
  • Surligner dans le texte les mots clés
  • Vérifier la compréhension de l élève face à une production écrite
  • Ne pas faire recopier les énoncés écrits au tableau
  • Limiter la prise de notes
  • Autoriser les devoirs faits à la maison sur l’ordinateur
  • Pour l’orthographe valoriser la diminution du nombre d’erreurs
  • Ne pas prendre en compte la dysorthographie dans les devoirs pour toutes les matières enseignées
  • Préfer une dictée à trous
  • Aérer les documents, grossir les caractères

 

COMMENT SE DEROULE LES SEANCES DE REEDUCATION ORTHOPHONIQUE?


Il n’existe pas de rééducation type : chaque orthophoniste compose en fonction de ce qu’il est, de sa créativité mais aussi en fonction de l’enfant, de ses capacités et de sa personnalité.

La rééducation obéit cependant à certains principes. Elle doit être :

  • individualisée (chaque enfant a un profil différent)
  • attrayante (les activités proposées doivent être ludiques, intéressantes et l’enfant doit se sentir en confiance avec le rééducateur)
  • valorisante (il faut progresser au rythme de l’enfant, veiller à lui proposer des exercices à son niveau pour ne pas le mettre en situation d’échec)
  • globale (d’autres professionnels peuvent être amenés à travailler avec l’enfant : psychomotricien, orthoptiste, neuropsychologues…)

 

Il convient en général de travailler sur les procédures de lecture/écriture défaillantes en intervenant sur les déficits cognitifs sous-jacents (entraînement des capacités métaphonologiques, des capacités visuo-attentionnelles, de la mémoire verbale, ...)

Il est également important de renforcer les capacités préservées et de développer des procédures compensatoires pour permettre à l’enfant un développement des apprentissages le plus harmonieux possible.


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