LE FROTTIS

Comprendre le frottis cervico-utérin

QU'EST-CE QUE LE FROTTIS CERVICO-UTÉRIN ?


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Brosse qui pénètre
dans le col de
l'utérus et qui recueille par frottement des cellules à analyser

Le frottis est un prélèvement de cellules du col de l'utérus, réalisé lors d'un examen gynécologique. C'est un acte banal effectué dans le cadre du dépistage du cancer du col de l'utérus.

La pratique consiste à prélever par frottement à l'aide d'une brosse spécialement adaptée des cellules superficielles du col, tout particulièrement dans la zone de jonction entre la muqueuse qui est du côté du vagin (appelée exocol) et la muqueuse qui est du côté de l'utérus (appelée endocol).

En effet, cette zone encore appelée zone de transformation est le siège privilégié des infections HPV et donc des lésions précancéreuses (dysplasies).  

 


A QUOI SERT-IL PRINCIPALEMENT ?

 

Le frottis est effectué à titre préventif et diagnostique pour dépister des anomalies du col de l'utérus qui pourraient avec le temps se transformer en cancer (lésions précancéreuses), ou pour dépister un cancer déjà déclaré.

Mais soyez rassurée, le cancer du col de l'utérus est une maladie qui malgré tout reste exceptionnelle, et le plus souvent le résultat du frottis est normal.



QUELLE EST LA POPULATION FÉMININE CONCERNÉE PAR LE FROTTIS ?

 

Chaque femme depuis les premiers rapports sexuels jusqu'à environ 65-70 ans, et plus si le médecin le préconise, doit impérativement avoir un frottis une fois par an, car il permet de dépister un éventuel cancer du col de l'utérus à un stade précoce (lésions précancéreuses) où un traitement efficace peut être mis en œuvre avec une guérison de 100%.

En l'absence d'anomalie sur deux frottis consécutifs, et en cas de test HPV négatif, une fréquence d'un examen tous les deux ou trois ans peut être jugée suffisante.



EN QUOI LE FROTTIS PEUT-IL M'ÊTRE UTILE ?

 

Le cancer du col de l'utérus, comme le cancer du sein ou le cancer du colon, est un maladie que l'on peut dépister au stade d'anomalies précancéreuses (dysplasies).

Ainsi, grâce au frottis, le nombre de décès par cancer du col de l'utérus a diminué dans les pays développés de plus de 80% durant les dernières décénies.

Si cet examen était pratiqué régulièrement chez toutes les femmes, ce cancer deviendrait exceptionnel. Le plus grand risque d'avoir un cancer du col, c'est de ne jamais faire de frottis de dépistage.



COMMENT S'EFFECTUE LE PRÉLÈVEMENT ?

 

C'est un acte très simple, rapide et sans douleur. Vous êtes en position gynécologique. Le médecin met en place un spéculum pour écarter les parois du vagin et bien exposer le col de l'utérus. Il y introduit une petite brosse spécialement adaptée et procède au prélèvement par frottement léger. Le prélèvement doit être réalisé à distance des règles et d'une infection cervico-utérine. Il peut exister parfois un léger saignement juste après la réalisation du frottis. Ce saignement est normal et de courte durée.



QUE DEVIENT LE FROTTIS UNE FOIS PRÉLEVÉ LORS DE L'EXAMEN GYNÉCOLOGIQUE ?

 

La brosse est placée dans un flacon remple d'un liquide de conservation cellulaire (technique du frottis en couche mince ou monolayer) soit étalée sur une lame de verre (technique du frottis conventionnel).

Le frottis est finalement adressé à un cabinet médical spécialisé en anatomo-cytopathologie ou à un laboratoire de biologie pour une expertise au microscope par un médecin spécialement entraîné à la recherche d'anomalies cellulaires. 


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Exemple d'une préparation de cellules
en couche mince vue au microscope

        




Dans la technique du frottis en couche mince (pratiquée au sein du centre), les cellules présentes sur la brosse vont se disperser de manière homogène dans le liquide et c'est à partir de ce dernier que l'on réalise des étalements sur lames de verre, colorés et examinés au microscope.

La technique en couche mince permet également la recherche d'HPV par biologie moléculaire contrairement au frottis convetionnel.

 

   


PEUT-ON RÉALISER UN FROTTIS DURANT LA GROSSESSE ?

 

OUI. Il n'y a pas de risque à effectuer un frottis durant la grossesse et notamment pas de risque infectieux ou de risque de fausse couche.

Lorsque le frottis est effectué durant la grossesse, il n'est pas toujours aisé de réaliser un diagnostic précis (modification cellulaires d'origine hormonale).

Le col étant très vascularisé durant la grossesse et donc saignant très facilement, les biopsies ne seront réalisées qu'en cas de suspicion d'anomalies sévères ; dans les autres cas, elles seront reportées après l'accouchement. Il en est de même pour le traitement éventuel.



LE FROTTIS A-T-IL ENCORE UN INTÉRÊT CHEZ LA FEMME MÉNOPAUSÉE ?

 

OUI. Il est nécessaire de continuer le dépistage du cancer du col de l'utérus après la ménopause. Du fait de la modification de l'équilibre hormonal, la ménopause entraîne une atrophie des muqueuses du col et du vagin.

L'orifice externe du col diminue de diamètre et peut même disparaître, d'où la difficulté parfois de réaliser un frottis satisfaisant. Dans ce cas, on peut répéter l'examen après un traitement préalable par œestrogènes pendant une dizaine de jours, destiné à améliorer les conditions de l'examen.

 

 

LE FROTTIS EST-IL TOUJOURS INTERPRÉTABLE ?

 

NON. En effet, le nombre de cellules à analyser peut être trop faible pour permettre une interprétation fiable ou le prélèvement peut ne pas avoir intéressé la zone de jonction (absence de cellules endocervicales). Il peut également exister une réaction inflammatoire importante (stérilet, infection...), une hémorragie (col saignant lors du prélèvement, règles...) ou des modifications cellulaires importantes d'origine hormonale (ménopause, pilule...).

Cela signifie qu'un tel frottis ne donne pas toutes les garanties de fiabilité et il peut être utile de le refaire, parfois après un court traitement local.



QUELS RÉSULTATS ATTENDRE DU FROTTIS ?

 

Les résultats de votre frottis sont rendus selon la terminologie oficielle de la classification de Bethesda.

Un frottis normal signifie qu'il n'a pas été observé de cellule pré-cancéreuse (dysplasie) ou cancéreuse, ni même d'infection à HPV. Lorsque des anomalies cellulaires sont décrites, elles sont mineures (modifications réactionnelles bénignes) et sont généralement associées à de l'inflammation, des modifications de l'équilibre hormonal ou une infection qui sera le plus souvent traitée. Parfois un frottis de contrôle est préconisé.

Un frottis anormal indique que des cellules possédant des anomalies ont été mises en évidence. Dans la classification de Bethesda, on distingue l'infection à HPV, les atypies de signification indéterminée (ASC-US / AG-US), la dysplasie cervicale (état précancéreux) ou néoplasie cervicale intraépithéliale (CIN) qui elle-même peut être légère (CIN 1), moyenne, (CIN 2), ou sévère (CIN 3) ou bien encore le cancer avéré.

Si le résultat du frottis est normal, un suivi régulier est préconisé, avec une fréquence annuelle dans la plupart des cas. Lorsque le test HPV est négatif, il est possible de rassurer complètement la patiente, car dans ce cas de figure (cytologie normale et test HPV négatif), le risque de développer un cancer du col de l'utérus dans les années suivantes est pratiquement nul.

Lorsque le test HPV est positif, il n'y a pas lieu de dramatiser, car il s'agit probablement d'une infection transitoire, surtout si la patiente est jeune.  



QUELQUES TERMES QUE VOUS POUVEZ RETROUVER SUR UN RÉSULTAT DE FROTTIS

 

Voici une liste de termes barbares qui font peur à leur lecture mais qui, pour la grande majorité, ne décrivent que des choses normales :


Cervicite : simple inflammation du col, totalement banale lorsque l'on a une vie sexuelle. Pas besoin de traitement sauf si on repère un Candida ou du Gardnerella.

Endocervicite : idem, terme fréquemment retrouvé lorsque l'on porte un stérilet. Pas besoin de traitement.

Cytolyse à Doderlein : sans importance, simple acidité vaginale.

Remaniement jonctionnel mature ou immature : aucune imporance. Pas de traitement.

Remaniement jonctionnel métaplasique : normal, pas d'affolement.

Métaplasie malpighienne : tout à fait normal, cela veut juste dire que les cellules se renouvellent. Ce n'est pas vraiment un état pathologique, mais le signe de "vie" du col. Elles correspondent le plus souvent à une adaptation des tissus à de nouvelles conditions environnementales. Une métaplasie non infectée par un virus HPV n'est pas dangereuse.

Dystrophie cervicale ou endocervicale : les cellules poussent mal parce qu'elles sont enflammées ou en manque d'hormones. C'est totalement bénin et ne provoquera jamais de cancer du col.

Atrophie cellulaire : état hormonal tout à fait bénin qui signifie un manque d'imprégnation en œstrogènes soit parce que l'on est ménopausée, soit parce que l'on prend depuis trop longtemps la pilule ou que l'on vient d'accoucher.

Leucokératose : sans importance s'il n'y a pas d'HPV, ne se traite pas.

Parakératose : idem

Présence de cellules endocervicales et jonctionnelles : cela signifie que le frottis a été bien réalisé et qu'il a balayé tout le col, l'extérieur et l'intérieur.

ASC-US et AG-US : voir la rubrique "que faire en cas de frotts anormal ?"

Cellules koïlocytaires : cellules avec un gros noyau pouvant témoigner d'une infection virale.

Condylome : verrue ; le diagnostic de condylome se fait sur un amas de cellules koïlocytaires.

Cellules dyskératosiques : cela veut dire que les noyaux sont infectés vraissemblablement par le virus HPV.

Cellures dysplasiques : cela veut dire que le virus HPV a attaqué votre col.